Petit pas...
Dans la continuité de mon article précédent sur « Vivre ses rêves » j’aimerai aborder, histoire de bien commencer l’année, le thème de se trouver en dehors de sa zone de confort.
Lorsque l’on choisit de réaliser un rêve, on fait un pas vers un territoire jusque-là inexploré. Comme j’ai dans mon sac plein de petites histoires de voyages, je vais employer celle-ci pour illustrer ce que j’entends par là.
J’étais partie de chez moi depuis huit mois pour voyager sac au dos, avant que mon périple ne me mène vers le continent Asiatique qui, après l’Océanie relativement proche de notre culture, est un monde totalement différent.
Lorsque j’arrivais à ma première étape en Malaisie, tout ce qui m’entourait jusqu’à l’air que je respirais me semblait inconnu, oppressant et poussiéreux. Je n’avais plus aucun repère. Les gens avaient l’air dur, je ne comprenais pas leur langue ni leurs codes. L’endroit me semblait sale et ma chambre était tellement petite qu’ils avaient certainement dû construire l’hôtel autour du lit.
A cet instant, je regrettais presque d’avoir prolongé mon voyage pour visiter ce nouveau continent. J’étais triste. Mes amis, ma famille et mes habitudes me manquaient et pour couronner le tout j’avais peur de sortir. Ne sachant pas quoi faire, je capitulais pour l'instant et restais dans ma chambre.
Petit pas…
Au bout d’un moment, lasse de regarder le plafond, j’ai ouvert mon sac pour en sortir un bâton d'encens et quelques trucs qui constituaient mon « chez moi » itinérant.
Petit pas…
Après quelques heures, les murs m’ont semblé moins tristes et la pièce moins petite. Avec l’odeur de l’encens et mes quelques affaires éparpillées, elle en devenait presque comme un petit cocon familier.
Petit pas…
Plus tard, j’ai risqué un œil dehors et j’ai croisé la propriétaire des lieux dans le couloir. Celle-ci, au premier abord, m’avait semblé froide et peu engageante. Je me risquais tout de même à lui parler. A ma surprise, son visage se fendit d’un beau sourire alors qu’elle répondait à mes questions avec patience et gentillesse. Elle me briefa sur la ville et les choses à voir, sur la façon de se comporter en pays musulman et m’apprit même à dire quelques mots en Malais.
Petit pas…
J’étais maintenant dans un lieu confortable, avec une quantité confortable d’informations avec lesquelles j’allais pouvoir me frayer un chemin dans l'inconnu. La ville ne me semblait toujours pas très agréable mais je me baladais quand même un moment avant la tombée du jour pour me dégourdir les jambes.
Petit pas…
A mon retour, le fils de la propriétaire âgé de cinq ou six ans vint guigner par ma porte entre-ouverte avec ses petits yeux noirs et curieux. J’ai passé en sa compagnie une formidable soirée à jouer et à se faire des grimaces. Je m’étais fait un super copain.
Petit pas…
Lorsque le lendemain je me mis en route pour visiter la ville, je fus très étonnée de la voir sous un jour nouveau. Sans la peur, je remarquais plein de choses que je n’avais pas vues le jour précédent. J’avais pu commander un poulet au curry dans la langue locale, et à mon retour, la tenancière de l’hôtel et son fils me firent un accueil chaleureux. C’était comme rentrer à la maison. Je savais dorénavant créer de nouveaux repères et je pouvais passer tranquillement quatre mois inoubliables en Asie.
Je me souviens de ce moment chaque fois que je sors de ma zone de confort. Cela me rappelle qu’avec un peu de temps et quelques petits pas, la peur finit par s'amenuiser et petit à petit on retrouve ses marques dans n’importe quelle situation. C'est un peu comme les yeux qui ont besoin de temps pour voir le contour des choses avant de se balader dans l'obscurité.